1902 - LA RUE - Dictionnaire d'ARGOT - XX° - siècle
Dictionnaire d'ARGOT
et des Principales Locutions Populaires
Auteur: Jean LA RUE
Editeur: Flammarion
Volumes: 1 volume in-16° (13x9) 192 pp
Année: 1902
précédé d'une Histoire de l'Argot par Clément CASCIANI. Reliure toilée d'édition cartonnée, étiquette noire, titre doré.
Les auteurs qui ont écrit sur l'argot s'accordent pour lui donner comme origine le jargon du XV° siècle et pour berceau la cour des Miracles. Le jargon ou argot c'était un langage secret qui a existé dans tous les temps et tous les pays.
Les français, serfs pour la plupart, avaient la nourriture assurée par le fait de leur servage. Le seigneur, en effet, était obligé par la loi d'assurer la subsistance de l'homme qui dépendait de lui. Il devait, dit un capitulaire de Charlemagne, nourrir son pauvre des fruits de son bénéfice ou de ses revenus et ne pas lui permettre d'aller mendier ailleurs ; tout homme trouvé en état de mendicité devait être forcé de travailler et il était défendu de lui faire l'aumône. S'il ne voulait pas travailler on le pendait.
De sorte que le vol et la mendicité, qui sont les conséquences d'une absence de ressources nécessaires à l'existence, ne pouvaient exister alors, comme ils existèrent plus tard, à l'état d'institution. Le brigandage restait le privilège des barons qui, du haut des tourelles de leurs châteaux, surveillaient les routes pour piller les voyageurs. Mais il y eut dans toutes les sociétés, chez nous comme ailleurs, mais ils étaient isolés. Même les barons pillards n'avaient nullement besoin de langage secret, car, renfermés dans les murailles de leurs castels forts, ils ne se mêlaient jamais au peuple.
C'est la guerre de cent ans contre les anglais qui ruina le pays d'une façon complète. Les paysans pillés sans cesse par la soldatesque, réduits à la plus extrême misère, manquant de pain, manquant d'aide et de protection se firent voleurs et brigands.
Ils s'adjoignirent les soldats maraudeurs ou déserteurs, les criminels échappés à la justice, les ouvriers paresseux et sans ouvrage, les charlatans, les ménétriers, les baladins, les jongleurs, les déclassés, les écoliers et les clercs chassés de l'Université et de l'Eglise, toute la clique, en un mot. De là, nécessité des bandes s'organisèrent et vite possédèrent un langage à leur seul usage sans être entendu des profanes.
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