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Pourquoi y a t-il eu tant de famines par le passé ?

et poursuivons notre recherche sur la famine, la révolution, les châteaux, le clergé, etc...

Source principale Dictionnaire de la REVOLUTION française, par DECEMBRE-ALONNIER, 1850

Ce n'est pas ce que beaucoup pensent...

Par le passé, deux ordres possédaient la plus grande partie des territoires : la noblesse et les ecclésiastiques, et tous deux étaient exempts d'impôts, ces puissants jouissaient du même privilège. Toutes les charges pesaient sur la masse du peuple. Le paysan ne pouvait exploiter la terre qu'à la condition de fournir non-seulement la taille, les dîmes, les vingtièmes, la capitation, les taxes locales et les corvées(←cliquez pour voir explications); mais aussi des contributions en argent ou des redevances en nature, au profit soit d'une abbaye, soit d'un seigneur domanial. (voyez aussi plus bas ce qu'étaient les "banalités".

La culture libre succombait aussi sous le poids des charges ; tandis que les abbayes ne cessaient d'accumuler des richesses qui alimentaient trop souvent la débauche des cours. Les terres libres restaient souvent en friche, non pas faute de bras, mais faute de capitaux pour les rendre productives. L'énormité des charges qui pesaient sur le cultivateur ne lui laissait d'ailleurs qu'un mince profit rémunérateur. Les terres dépendantes des abbayes étaient généralement plus florissantes ; mais les bois et les marécages en couvraient la plus grande partie. C'est ainsi que le territoire de la France fut tant de fois insuffisant pour nourrir une population qui ne dépassait pas le tiers de la population actuelle.

 

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ACCAPAREURS, AFFAMEURS.

Dénomination injurieuse qu'on donnait aux monopoleurs qui spéculaient sur les grains dans les temps de disette.

Ce fut en 1725 que le peuple commença à murmurer contre les accapareurs ; la livre de pain valait alors dix sous. les grains ne pouvaient circuler d'une province à une autre, sans avoir à supporter des taxes très onéreuses et très-variables. Les provinces un peu plus favorisées refusaient de laisser sortir leurs grains, et le gouvernement manquait d'énergie pour vaincre cette résistance.

On imagina, en 1729, d'établir une réserve de grains dans les années plus fertiles, afin d'assurer la subsistance du peuple dans les années moins heureuses, mais ce système ne devait profiter qu'à quelques spéculateurs. En effet, le gouvernement chargea une régie spéciale de l'acquisition des grains et de les amasser dans des entrepôts. On conçoit facilement que le peuple devait ainsi payer le pain beaucoup trop cher dans les années d'abondance, attendu que l'accaparement produisait la rareté, et qu'il ne profitait pas d'une diminution sensible dans les années de disette. En effet, les monopoleurs voyaient dans la régie qu'une source de bénéfices et le gouvernement, de son côté, prélévait sur eux des fermages considérables. Péage1.jpg
De temps en temps l'émeute avertissait le pouvoir des horribles souffrances qui décimaient le peuple ; mais c'est à  peine si les plaintes des provinces arrivaient jusqu'au trône.

La France sembla respirer de 1764 à 1768 car un édit permit la circulation des grains d'une province à une autre, sans payer aucun droit dans l'intérieur de la France et aboli les douanes provinciales. La suppression de corvées allégera le sort des cultivateurs, ainsi que la suppression des dîmes, des lois sur la chasse, l'abolition de la gabelle. Aussi les effets ne tardèrent pas, l'agriculture sortit de son état de torpeur et de routine ; on défricha les landes ; on dessécha des marais ; on fonda des sociétés d'agriculture ; les seigneurs cherchèrent spontanément à soulager les serfs et les paysans ; les moines soignèrent davantage la culture, et consacrèrent des vastes prairies à la multiplication du bétail ; enfin la pomme de terre fut propagée.

Malheureusement, cette prospérité se ralentit et la régie reprit le dessus.

Un historien du temps dit "Les habitants de la campagne, se trainaient avec des chaudrons au bord des rivières, dévorés par les angoisses de la faim : les yeux fixés sur les eaux, ils attendaient les bateaux qui leur apportaient des grains, qu'ils faisaient cuire sur les lieux mêmes."

Banalités.

Encore un droit d'interdire de faire certaines choses autrement que de la manière qui est prescrite par les lois, les conventions ou les coutumes.

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La  banalité consistait en une sorte de monopole qui contraignait les sujets à venir au moulin, four ou pressoir banaux ; à interdire à toute personnes de construire dans l'enclave de la banalité, des moulins, des pressoirs ou des fours.

Outre les banalités de moulins, fours et pressoirs, on distinguait encore les banalités de brasserie, de forge, de taureaux et verrats, de boucherie, de bans-à-vins, de vertes-moutes. Elles obligeaient les propriétaires de vaches ou de truies à se servir des taureaux et verrats banaux. Tout comme les bouchers d'une localité à venir vendre leur viandes aux boucheries banales et à y subir le prélèvement de certains droits ; les banalités dites de bans-à-vin consistaient à interdire à certaines époques la vente du vin, pour permettre aux seigneurs de débiter plus facilement le leur.

Quand on a lu l'énumération de cette série de restrictions, d'humiliations apportées à la liberté individuelle et commerciale, on arrive à se demander comment il peut se trouver encore de nos jours des gens qui pleurent le régime de cette époque, qu'ils décorent  du nom de bon vieux temps.

Bénéfices

Le mot bénéfice signifie dans la langue du clergé catholique des places, des charges, des titres, des dignités ecclésiatiques, mais plus particulièrement  les revenus, les droits, les fonds de terre attachés à ces charges et dignités... On n'en connaissait auparavant ni le nom, ni la chose. Tout le bien de l'Église était commun, et l'évêque en disposait comme un père de famille, pour entretenir les ecclésiatiques, les églises et les pauvres. Plus tard on partagea les fonds et les terres de l'Église, les laissant à la disposition des particuliers, et les ôtant à celle de l'évêque... Il y avait plusieurs espèces de bénéficiaires dans l'Église... Certaines irrégularités pouvaient empêcher de posséder des bénéfices, tels que la bâtardise, la bigamie, le crime ecclésiatique, comme la simonie (extorsion de dons, contre vente de sacrements) la confidence... Les bénéfices dans leur dernier état étaient devenus la proie des familles ambitieuses. Les biens l'Église étaient détournés et d'immenses richesses étaient gaspillées au profit de quelques-uns. Péage5.jpg

CHÂTEAUX.

La nécessité de protéger le territoire contre les fréquentes invasions justifia d'abord la construction de châteaux forts : les grandes abbayes étaient elles-mêmes fortifiées. Le seigneur-châtelain avait seul le droit de posséder un château, avec toutefois le consentement de son suzerain. Les vassaux étaient tenus de faire la guet et de monter la garde. Cette prestation fut convertie en une contribution annuelle, soit en argent, soit en grain, connue sous le nom de guet et garde.

Un grand nombre de ces châteaux, véritables nids de vautours, bâtis sur le sommet d'une montagne ou d'un rocher, de manière à dominer les campagnes environnantes, étaient occupés au moyen âge par des seigneurs ignorants et barbares qui sortaient de temps en temps de leurs repaires pour piller, rançonner et même incendier les villages et les monastères. Véritables voleurs de grand chemin, ils arrêtaient les voyageurs et les marchands qui se rendaient aux foires.

LA RÉVOLUTION.

Puis vint la révolution française de 1789, les paysans ne manquèrent pas d'observer que l'Assemblée nationale avait aboli les redevances seigneuriales, et ils s'étonnèrent de ce que les nobles continuaient à les exiger. Dans l'ignorance de leurs (nouveaux) droits, les paysans s'exécutèrent dans plusieurs provinces ; mais ailleurs, ils repoussèrent la force par la force et s'armèrent contre les châtelains : ils se contentèrent d'abord de disperser ou de brûler les archives qu contenaient les titres seigneuriaux ; ils incendièrent ou rasèrent ensuite les châteaux mêmes, tout en respectant les personnes (!). La nécessité de se procurer des vivres dans un temps de disette, alors que les châteaux et les abbayes regorgeaient d'approvisionnement, ne fut pas non plus étrangère à ce mouvement. Et dans certaines provinces, ce fut la perfidie de certains nobles qui exaspéra le peuple et justifia de terribles représailles.

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Barrère, lors de la Convention de 17 mars 1793 proposait :

« Il est une dernière mesure à prendre pour le succès de la révolution dans les campagnes : détruire tout vestige féodal. Il y a une infinité de châteaux d'émigrés, vieux repaires de la féodalité, qui resteront nécessairement invendus, qu ne serviront ni pour les établissements d'éducation publique, ni pour les assemblées primaires : ces masures, qu souillent encore le sol de la liberté, peuvent, par leur démolition, favoriser les pauvres cultivateurs, créer des villages. Que les directoires soient chargés de vérifier le nombre de châteaux d'émigrés qui, par leur antiquité et leur tournure féodale, ne sont propres à d'autres usages qu'à fournir des matériaux pour construire des habitations aux agriculteurs. »

Le 13 pluviose an II, la convention alla plus loin encore, en faisant démolir les fortifications de tous les châteaux appartenant à des particuliers. Les représentants en mission dans les départements étaient chargés de l'exécution de cette mesure.

Chauffeurs, Brigandages, Assassinats.

La révolution donna naissance à de multiples associations  de malfaiteurs. En Bretagne, les longues querelles du pouvoir royal et du parlement furent le germe fécond du brigandage ce qui engendra la guerre civile ; des débris des armées bretonnes et vendéennes sortirent les chouans, dont les plus mauvais restes devinrent les chauffeurs (brigands qui brûlaient les pieds de leurs victimes), les voleurs de diligence, les compagnons de Jésus, etc... Tous ces brigands s'abritaient sous un voile politique (...) les chauffeurs se disaient les vengeurs des émigrés sur les acquéreurs de biens nationaux ; les voleurs de diligences ne voulaient que ruiner la république en s'emparant du numéraire partout où il s'en trouvait. La plutart de ces bandits étaient des forçats libérés ou évadés, des déserteurs : ils avaient des chefs habiles, entreprenants, audacieux. 

CITOYEN.

Dès 1789, les démocrates s'honoraient du titre de citoyen. Fini les "Monsieur, Madame" qui étaient des désignations aristocratiques; en 1792, ils furent proscrits du langage de manière absolue. On introduisit aussi le tutoiement, pour donner au langage plus de vivacité, de franchise et une allure plus républicaine. Les clubs réclamèrent un décret à la Convention qui prescrivit le tutoiement à peine de suspicion. Philipeaux en démontra tout le ridicule et cet usage disparut peu à peu du langage officiel.

La qualité de citoyen appartenait à tout Français ; mais elle ne conférait pas les droits politiques. La convention de 1791 divisait les nationaux en 2 classes : les citoyens actifs, qui seuls jouissaient des droits électoraux et les citoyens passifs. Comme la moitié des français ne payaient pas les 3 livres de contributions, ils se retrouvaient rejetés dans la classe des citoyens passifs. Ces dispositions étaient évidemment contraire à l'esprit de la déclaration des droits de l'homme. Cela fut finalement aboli, c'était une distinction blessante.

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Ci-dessus image du tribunal révolutionnaire jugeant,le général Beysser.
Ce général Chirurgien-major plusieurs fois distingué pour sa bravoure, fut condamné à mort, monta sur l'échafaud en chantant des couplets patriotiques qu'il avait composé dans sa prison, il avait 40 ans.

CLERGÉ.

Le clergé régulier rendit certains services à la civilisation du moyen âge ; on doit à ses efforts le renouvellement de l'agriculture et les premiers progrès de l'industrie ; le clergé séculier (non soumis à la règle) contribua à la corruption générale des mœurs ; tous ceux qui qui composaient ce clergé depuis l'évêque jusqu'à l'abbé ou au simple curé, étaient des véritables seigneurs, plutôt guerriers que prélats, mêlés à toutes les intrigues politiques et tourmentés par l'ambition.

Ils se sont attirés les reproches foudroyants de la part du pape Clément VII : 

« Parlerez-vous d'humilité, vous si vains et si pompeux dans vos montures et vos équipages ?

Parlerez-vous de pauvreté, vous si avides, que tous les bénéfices du monde ne vous suffiraient pas ?

Que dirais-je de votre chasteté ? Vous haïssez les mendiants, vous leur fermez vos portes et vos maisons sont ouvertes aux êtres les plus infâmes. »

La règle du célibat était à peine observée : les prêtres vivaient avec des concubines, des chambrières et des femmes perdues ; en Biscaye, on alla jusqu'à exiger des prêtres qu'ils eussent des commères, c'est-à-dire des femmes légitimes.

Le clergé jouissait, sous l'ancienne monarchie de privilèges considérables. Il avait le pas sur la noblesse même ; les prêtres étaient affranchis des charges municipales, du logement des gens de guerre, des contributions pour la subsistance des troupes, les tailles personnelles et de la contrainte pas corps pour dettes civiles.

A la révolution un décret n'érigeait qu'un seul siège épiscopal par département, et un curé par paroisse ; il attribuait au peuple la nomination  des évêques et des curés et supprimait aussi le casuel (revenu qui s'ajoute au revenu régulier). La plupart des évêques et des curés refusèrent ce décret et menacèrent d'excommunication les acheteurs des biens  ecclésiastiques. Et tout ecclésiastique convaincu d'avoir provoqué la désobéissance à la loi et aux autorités, était passible de 2 années de détention.

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On ordonna la destruction de tous les symboles religieux extérieurs. Les prêtres ne pouvaient plus se montrer hors des églises dans le costume religieux ; les emblèmes religieux étaient proscrit dans le cimetière ; une image représentant le sommeil était le seul autorisé. Les saints furent proscrits du calendrier ; les rues et les places publiques reçurent des désignations républicaines. C'était là un acheminement à l'abolition de tous les cultes.

Plus tard Bonaparte, parvenu au pouvoir, signa avec la cour de Rome le concordat qui réglait les rapports entre l'État et l'Église.

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A suivre...

 

 

 

 

 



14/05/2015
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