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Noël MICHEL

In Memoriam

Mon grand ami APICULTEUR Noël MICHEL n'est plus,

cet homme calme, doux et généreux, s'en est allé vers des cieux plus cléments,

mais reste dans nos cœurs.

Pour vous le faire apprécier à sa juste valeur, je souhaite simplement vous laisser lire le court préambule qu'il a écrit dans son livre sur les abeilles.

Préambule partiel du livre, sous forme d'anecdote

AFIN QUE LES ABEILLES NE MEURENT   NoelMICHEL1.jpg

Dès ma plus tendre enfance, l’amour des abeilles m’est donné par un oncle chez qui je séjournais souvent des vacances. Il détenait des ruches dont il m’interdisait l’approche.
Chaque fois que l’occasion se présentait, je transgressais la règle afin de regarder l’objet de l’interdiction de très près. J’attrapais les abeilles, je les enfermais dans un bocal rempli de fleurs en espérant avoir ma ruche. A mon grand désespoir, tout mourait !
J’ai aussi eu la chance de naître dans une ferme et de grandir au contact des animaux, petits et grands. Un jour, âgé de moins de 2 ans, mes parents me cherchaient partout stupéfaits, ils me retrouvèrent dans la mangeoire des vaches. Celles-ci me léchaient mains, jambes et figure sous mes éclats de rires.

Ce ne fut certes pas la dernière fois
Pour les fils de fermier, les vacances n’existaient pas, c’est ainsi que dès l’âge de 11 ans j’appris à labourer la terre. Un midi, alors que je gagnais le champs en croupe sur le cheval de conduite, un essaim d’abeilles traversa mon attelage. Sans hésitation, je le poursuivis avec mes 3 chevaux. Malheureusement, le trio étant trop lent, nous fûmes vite distancés.
Ce jour-là encore, ma première colonie se déroba.
Quelques temps plus tard, je découvris un essaim au creux d’une haie.
Plein d’espoir, je couru avertir Alphonse, l’apiculteur que je connaissais de vue.
De suite, Alphonse s’empressa de venir le recueillir. Avide de curiosité et d’envie, j’observai la scène.
N’ayant pas le visage protégé, Alphonse me demanda de ne pas trop approcher, ce dont je ne tins pas compte. Une fois l’essaim enruché, il m’invita à venir chercher un pot de miel en guise de récompense.
Mon père fut aussi mon confident, se chargea de consoler ma déception et obtint une invitation chez Alphonse.
Celui-ci m’accueillit assez perplexe vu mon âge mais après quelques recommandations, nous nous rendîmes au rucher afin d’avoir mes premiers contacts avec les abeilles.
Alphonse ouvrit la porte arrière du rucher et me fit entrer.
Après tant d’attente, je pénétrais enfin dans le sérail des abeilles.
Les grosses caisses alignées avec soin, la frénésie des abeilles rentrantes et sortantes accompagnées d’un doux bourdonnement apaisant me remplirent d’une joie débordante.
Je frissonnais de curiosité...
Pressentant mon impatience, Alphonse me proposa la visite d’une ruche.
Cet homme était extrêmement sensible et généreux et lorsque à cet instant nos regards se croisèrent, nous nous étions compris bien que plus de trente années nous séparaient.
Il resta mon ami jusqu’à la fin de sa vie et bien encore au-delà !
L’enfumoir allumé, il me donna cet instrument nécessaire pour découvrir la ruche.
Sans hésitation ni appréhension, je l’acceptai.
Une fois entré, je sentis les abeilles, les cadres me passèrent dans les mains et quelques conseils m’aidèrent à les détacher de la propolis. Ce moment se révéla exceptionnel...

Entouré de milliers d’abeilles dont beaucoup exploraient mes doigts et mes mains, je m’imprégnais de cet instant privilégié tant attendu tandis que Alphonse semblait plus ébahi que moi. Une fois la cérémonie initiatique terminée, il me posa les mains sur les épaules et m’avoua :
“En vous regardant au milieu des abeilles, j’ai eu l’impression que vous l’aviez toujours fait...”
Et moi de lui répondre aussitôt vite :
“Je sentais en moi que rien ne m’était inconnu !”
A partir de cette merveilleuse journée, une amitié sans faille nous lia pendant plus d’un demi siècle. Au crépuscule de sa vie, il se plaisait à me dire que nous avions parcouru ensemble cinquante ans le monde des abeilles.
Sentant la mort approcher, nous pleurâmes dans les bras l’un de l’autre.
En écrivant ces lignes, les larmes me viennent encore au bord des yeux.

Je voudrais ajouter que le jour de ses obsèques, un essaim d'abeilles est venu se poser sur la porte de sa maison en Équateur.

Noël MICHEL est le seul apiculteur que j'ai vu visiter ses ruches sans enfumoir, simplement en parlant avec douceur aux abeilles.

NoelAristée.jpg

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29/04/2018
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